Article de Presse
L'Architecture Française, n°357-358
Mai-Juin 1972
Le nouveau parc des princes à paris
Roger Taillibert, architecte
L'établissement du tracé définitif du boulevard
périphérique entre la porte Saint-Cloud et la porte Molitor,
qui impliquait la démolition des tribunes Est de l'ancien vélodrome
du Parc des Princes, a été à l'origine du projet de
reconstruction du stade.
Le contour extérieur du nouveau stade a une forme elliptique,
avec une double ondulation au sommet. Les tribunes entièrement couvertes
sont prévues pour plus de 50000 spectateurs, réparties en
deux niveaux de gradins. La visibilité est totale à ces deux
niveaux.
La structure porteuse est un béton précontraint : elle
comporte une série de cinquante portiques. Les extrémités
de ces portiques sont reliées, côté pelouse, par un
bandeau dont la projection en plan est aussi proche que possible des limites
rectangulaires du terrain de sport. Il existe une double symétrie
par rapport aux deux axes de l'ellipse, mais les treize portiques situés
dans l'un des angles formé par les deux axes sont tous différents
en hauteur et en portée. Chaque portique comporte un poteau et un
bras de « fléau » sur lequel le bandeau prend appui.
L'ensemble portiques-bandeau est constitué de voussoirs préfabriqués
en béton, assemblés sur place avec interposition de résines
de synthèse puis mise en précontrainte.
Les 25 km de gradins, leurs poutres-supports, les escaliers et autres
ouvrages de moindre importance sont en béton armé ordinaire.
Les gradins s'élèvent avec une pente constante mais, leur
tracé en place est fonction des profils successifs. Les derniers
gradins s'élèvent donc à des niveaux différents,
ce qui exige que les poteaux aient eux-mêmes des hauteurs différentes
jusqu'à 35 m. Les fléaux, également de longueurs différentes,
ayant jusqu'à 45 m de porte à faux, travaillent en console
sans aucun point d'appui intermédiaire, et leurs inclinaisons sont telles que le bandeau reliant les extrémités
des cinquante fléaux soit horizontal.
Les poteaux courants sont fondés sur des massifs importants en
béton armé, coulé sur place et reposant sur la craie
qui à cet endroit constitue un sol de fondation de bonne qualité.
Par contre, les portiques du stade, dans la partie située au-dessus
du boulevard périphérique, aboutissant en des points variables
par rapport à l'axe du tunnel, il n'était pas possible de
les fonder directement sur le sol : ils s'appuient sur des portiques en
béton armé de très forte section, qui encadrent le
périphérique dans sa partie souterraine.
Le bandeau est également constitué de voussoirs préfabriqués
à raison de trois par travée : un voussoir à l'extrémité
du fléau, un second voussoir monté en porte à faux
sur l'une des faces latérales du premier, enfin, un troisième
voussoir monté de la même façon, sur la seconde face
latérale du voussoir, en bout du fléau.
Le stade a pour dimensions : enveloppe extérieure : ellipse grand
axe : 251,50 m; pelouse intérieure : rectangle curviligne de longueur
: 164,20 m et largeur : 99,58 m; longueur développée du bandeau
intérieur : 462,45 m; surface couverte recevant les spectateurs
: 17000 m².
Le volume des calculs nécessaires à la vérification
des résistances caractéristiques mécaniques et dimensionnelles
et à la coordination ne pouvait s'envisager qu'avec la présence
sur le chantier d'un terminal d'ordinateur, qui a permis une précision
d'exécution et de montage de l'ordre de 20 mm.
Pour un total de plus de 50000 places couvertes, le prix de revient
de la place, pour la totalité des travaux, a été de
1800 F.
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