Conception



1 - Parti architectural

Le parti architectural de Roger Taillibert, pour concevoir le nouveau stade du Parc des Princes de 48527 places, a suivi un raisonnement logique et technique. Il résulte des contraintes du programme (voir l’article de Paris 2000, n°16, 3e trimestre 1970) , mais aussi des exigences visuelles, audio-visuelles, de sécurité, et de fonctionnalité qu’un tel édifice doit avoir, sans oublier facteur social. En effet, le stade doit permettre, dans les meilleurs conditions, le phénomène d’identification du spectateur vis-à-vis des joueurs, mais aussi de permettre le dialogue entre les spectateurs pendant les arrêts de matches, soit devant des rediffusions d’image, soit dans les circulations. La réunion de tous ces facteurs a dicté à l’architecte la conception de son stade comme une arène romaine à visibilité totale, avec cette différence que celui-ci possède une couverture.

Plan du Rez de Chaussée
Plan du niveau 1
Plan du niveau 2
Plan du niveau 3

Ainsi la structure porteuse, constituée de 50 portiques en console en porte-à-faux disposés en ellipse, est la réponse de l’architecte : il fallait limiter le nombre d’appui à cause du Boulevard Périphérique et avoir une visibilité exemplaire, sans poteau gênant. Le basculement de la structure est une vraie solution architecturale aux contraintes existantes et non une réponse purement esthétique. Il permet malgré l’étroitesse du terrain de créer une circulation extérieure tout autour du stade sans réduire les tribunes et d’annuler une partie des efforts due au porte-à-faux, en faisant passer le centre de gravité de l’ensemble de la console par son appui (massif d’ancrage prenant appui sur le bon sol). L’évidement et l’amincissement de la console sont les solutions au problème du poids admissible par le terrain en craie et surtout par la dalle B.A. de 5,5m couvrant le Périphérique sur laquelle 16 portiques reposent, mais constituent aussi, un gains de matière, donc d’argent.


La forme variable des consoles (la plus grande, près du petit axe de l’ellipse, fait L=45,60 et H=34,30m et la plus petite, dans l’angle du terrain à l’endroit des joints de dilatation, fait L=32,50m et H=24,90m) a permis la mise en place d’un bandeau horizontal. Ce bandeau contient une galerie technique destinée à recevoir les projecteurs éclairant le terrain lors des matches en nocturnes ainsi que la sonorisation. Cette galerie permet un entretien facile des projecteurs, étant donné qu’il y a une circulation piétonne technique tout du long. On y accède en montant par l’intérieur de deux consoles (encore une utilité fonctionnelle de l’évidement des consoles). L’horizontalité de ce bandeau permet aussi la mise en place d’un chêneau à pente légère pour la récupération des eaux pluviales ; ces dernières pouvant être collectées et évacuées grâce à l’ondulation de la toiture, l’évacuation des eaux se faisant par contre-pente dans les quatre travées d’angle. Ainsi 2 évacuations par angles sont passées dans le vide de la console évitant leur apparence. Ce mouvement ondulatoire de la toiture est aussi repris par les planchers des déambulatoires en arrière des tribunes. Cela a permis d’insérer les évacuations des eaux usées dans les planchers sans avoir le problème d’une pente de tuyaux apparents. Le sens de la pente de la toiture et la forme du bandeau, qui reprend celle du bas des gradins, donne un maximum de protection aux spectateurs.


Les gradins sont inscrits entre deux courbes non homothétiques, responsables de la variation de la longueur des consoles. La courbe elliptique du haut des tribunes dépend du site urbain sur lequel le stade s’inscrit, comme vue précédemment. Quant à celle du pied des tribunes, elle est le résultat des dimensions réglementaires des terrains de jeu et des études sur les principes géométriques de visibilité. Tout cela étant effectué dans le souci de mettre un minimum de 50000 places assises dans un stade dont, comme le souligne Michel Macary, « la situation géographique n’était pas vraiment propice à cela ». La structure conique des gradins est définie par la pente des poutres inclinées les recevant ; inclinaison découlant des conditions de visibilité et d’emplacement. Les gradins sont sur 2 niveaux. L’inclinaison des poutres a aussi déterminé l’inclinaison des béquilles les supportant, en particulier pour les tribunes hautes qui sont auto-stables uniquement sur ces béquilles inclinées qui s’appuient sur le massif d’ancrage. Les joints néoprène, entre les consoles et la partie haute de la tribune, ne servent pas de point d’appui, mais juste, de joint de dilatation. Cette dissociation, entre les consoles et les gradins, a été faite pour des raisons de sécurité. Les 4 déambulatoires aux dimensions impressionnantes, en arrière des tribunes, alimentés par les 25 vomitoires et la réduction maximum des circulations horizontales entre les escaliers, répond à une exigence de sécurité. Le temps d’évacuation du stade est ainsi de 15 min., ce qui est remarquable. Pour en finir, avec le parti architectural, le bandeau horizontal assure également le contreventement de l’avant des consoles. Quant à l’arrière il est assuré par les éléments de voiles préfabriqués prolongeant, jusqu’au niveau 4, la surface de la toiture.


Cet édifice est donc d’une grande réussite technique. Il fut à son époque, pour ses 48527 places assises et son système d’éclairage entre autres, d’une grande modernité, et est encore de nos jours un exemple de sécurité et de convivialité sportive. La façon de le concevoir a permis à M. Taillibert de proposer une maquette quasi définitive au bout de 4 mois, ce qui est remarquable pour un projet d’une telle ampleur. Pour simple comparaison, le prix de la place pour la totalité des travaux, a été de 1800F, ce qui est tout à fait honorable.



2 - Equipements et Aménagements

En fonction du nombre de spectateurs attendus, le stade a été conçu en deux niveaux séparés, parfaitement indépendants, qui permettent d'accueillir 23000 et 27000 spectateurs.

Dans les aménagements sont prévus : C’est ainsi qu’on retrouva, au sous-sol (niveau de la pelouse), les vestiaires des joueurs, les annexes, le parking des officiels et de la presse, un dépôt technique réservé à la TV et une zone d’échauffement réservée aux équipes. Sous la tribune s’abriteront les services administratifs, et au dessus de la tribune d’honneur sera située une plate-forme spéciale pour les caméramen, d’où ils observeront à travers leurs objectifs la totalité du stade.


3 - Fiche technique

Tous les éléments préfabriqués sont traités brute de décoffrage.


Les portiques en console : Ils sont constitués de voussoirs préfabriqués en béton (voile variant de 16 à 30cm), à joint conjugué avec une résine époxy, puis mis en tension à l’aide de câbles. Le terme de béton précontraint est un abus de langage, car la tension des câbles se faisant après la mise en place du portique, il apparait plus juste de parler de béton post-contraint. Le joint maté est fait pour éviter les efforts de cisaillement. Ces portiques s’appuient sur un massif d’ancrage.


Le bandeau : Il est constitué de voussoirs préfabriqués en béton armé en voile de 10cm d’épaisseur.

Les gradins : Ils sont préfabriqués par éléments de 3 gradins, mis en place sur les poutres puis assemblé avec le suivant par bétonnage.
Les gradins hauts : Ils sont construit à l’aide d’un portique en béton armé constitué d’un poteau incliné, encastré à sa base sur le massif d’ancrage, et de 2 poutres encastrées sur ce poteau.
Les gradins bas : Ils sont construit à l’aide de poutres en béton armé s’appuyant sur l’avant du massif d’ancrage et sur un massif fondé au niveau de la pelouse.


La couverture : Elle est constituée de poutres en acier reposant sur une lambourde attachée au fléau de la console. Elle est dissocié de la structure pour reprendre la dilatation et assure aussi la correction acoustique nécessaire.

Les escaliers : Ils sont exécutés en béton armé préfabriqué.


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